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LE CHÈVREFEUILLE

parce qu’on ne veut pas pleurer, alors que les yeux, qu’on ouvre désespérément, se mouillent ? Cette respiration qu’on retient, et cette lutte contre l’assaut brusque des souvenirs qui vous serrent à la gorge ? Et cette foule entière qu’une même pensée écrase ?

Puis ce fut le silence, le silence sournois qui déroute dans cette nuit où l’on ne voit rien, le silence dangereux où l’émotion de la foule n’a plus rien pour la soutenir. La musique ardente s’est tue. Que se passe-t-il ? Quel est ce silence ? D’où s’est délivré ce sanglot qui s’étouffe ? Quelle pudeur aussitôt l’étouffa ? Quelle est cette angoisse ? Comme il semble qu’ils soient loin, les timbres impérieux qui tintent du côté de