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LE CHÈVREFEUILLE

Elle était pâle et frissonnante. Elle ne pleurait pas. Elle regardait droit devant elle. Et moi je me mordais les lèvres pour ne pas pleurer de tout mon cœur.


Je ne voudrais pas souligner l’horreur de cette journée de décembre 1920 qui me revient toute vive devant les yeux chaque fois que je pense à mon ami ; mais il faut que je dise que cette journée fut pour moi celle qui compta plus qu’aucune autre dans l’histoire de mon amitié. C’est de là que je date la mort de Maurice.

On s’étonnera peut-être que mon émotion ait pu être si profonde. Pendant la guerre, en effet, soldat combattant, j’ai vécu au milieu de tant