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homme doit trouver en lui-même une richesse à l’abri des atteintes du sort. Je pars, je vais à Paris chercher l’emploi de ma force et de mon intelligence. Le travail est la loi commune : j’obéis à cette loi, que j’ai trop longtemps méconnue.

— Et vous partez sans moi !

— Crois bien, mon enfant, que si je pouvais quelque chose pour ton bonheur, je ne te quitterais pas ; mais que puis-je ? Ce que tu cherchais en moi, je ne l’ai plus.

— Et moi, n’ai-je rien perdu ? reprit Laure en baissant les yeux.

— Non, mon enfant, tu n’as rien perdu, dit Gaston la pressant doucement sur son cœur. Le sort n’a pu t’enlever ta grâce, ta beauté, ta jeunesse. Si tu m’aimais, je te dirais : — Partons ensemble. Viens partager ma vie austère. Tu seras ma joie, mon bonheur. Ta présence doublera mon courage.