comme une prière de la terre au ciel. Gaston était venu s’accouder sur la fenêtre. Les doigts de Laure semblaient à peine effleurer le clavier ; la brise soulevait les boucles de ses cheveux ; son cou s’inclinait mollement comme le cou d’un cygne. Gaston la contemplait avec surprise, comme s’il l’eût aperçue pour la première fois. En ce moment, en effet, Laure était pour lui une femme toute nouvelle. Émue, attendrie, pénétrée à son insu d’un sentiment religieux, elle commença d’une voix claire et vibrante un psaume de Marcello. Sa voix, autrefois gâtée par la mignardise et l’afféterie, s’échappait pure et limpide, et rendait avec une simplicité puissante la divine mélodie de ce maître inspiré. Quand elle eut fini de chanter, Gaston s’éloigna d’un pas rêveur. Il comprenait confusément tout le prix du trésor qu’il possédait, et se sentait honteux de l’avoir si longtemps
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