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glissent à mon chevet. L’air pur que je respire, le silence et la paix qui nous environnent, tout me ragaillardit : j’ai vingt ans.

— Je vous assure, mon ami, que je m’alarme avec raison ; vous êtes pâle, vous maigrissez. La vie des champs ne convient pas à votre caractère. Une intelligence telle que la vôtre, habituée au mouvement des grandes affaires, n’est pas faite pour la solitude. Vous avez beau dire, vous avez beau vanter votre bonheur, vous n’êtes pas heureux, je le sens bien. Vous êtes né pour le mouvement, pour la lutte ; l’inquiétude même est un besoin pour vous.

— Détrompez-vous, mon aimable amie. Cherche qui voudra le mouvement et la lutte ; pour moi, je m’accommode très bien de l’existence que nous menons ici. Pourvu que l’avenir ressemble au présent, je me tiens pour satisfait.