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à l’école, le travail, c’est-à-dire la stupide servitude de l’homme réduit à la condition de machine, était récompensé par un salaire corrupteur ; l’oisiveté, c’est-à-dire l’exercice constant du libre arbitre, était flétrie du nom de paresse, et condamnait à la pauvreté l’ouvrier passionné pour la réflexion. Chaque matin, un maître, sans respect pour la dignité humaine, nous distribuait notre tâche, nous attelait au travail comme les bœufs à la charrue. Je compris bientôt que l’atelier dégrade en nous les plus hautes facultés. Comme je méditais sur le problème du travail et du loisir, ou, pour parler en termes plus vrais, de la servitude et de la liberté, un grand événement me montra ma véritable mission. En faisant le coup de feu sur les barricades de juillet, je me sentis appelé à guider, à régénérer l’humanité. J’avais quinze ans à peine, mais on vieillit