moindre de ses joies. Pourtant son bonheur n’était pas complet. Il pensait à Timoléon, à ce fils perdu depuis tant d’années, et se disait parfois avec amertume que le nom de Levrault et son titre de comte périraient avec lui ; mais ce regret altérait à peine la sérénité de son âme et se dissipait bientôt comme un nuage.
Laure n’était pas moins joyeuse que son père. La cour avait été le rêve de toute sa jeunesse. C’était à la cour qu’elle voulait retrouver ses anciennes compagnes, qui l’avaient humiliée de leurs dédains et de leurs railleries ; c’était dans les salons des Tuileries qu’elle devait prendre sa revanche. Dans son ivresse, elle remarquait à peine l’air sombre de Gaston, et, s’il lui arrivait de le remarquer, elle ne prenait pas la peine d’en chercher la cause. Dans le monde où elle était née, où elle avait vécu, qui donc lui eût