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qu’elle s’était attribuée et dont elle jouissait comme d’un droit légitime. Sa belle-mère se jouait de la crédulité de M. Levrault ; Gaston serait-il son complice ? Ce soupçon, une fois entré dans son esprit, grandit de jour en jour. Trop fière pour réclamer ce qu’elle regardait comme l’accomplissement d’un marché, Laure s’éloigna de plus en plus de son mari et se mit à douter de sa loyauté. Elle n’insista pas davantage, mais elle ne put se défendre d’un secret dépit, qui, s’aigrissant dans le silence, devint bientôt presque de la haine.

Dans son impatience, M. Levrault s’était adressé à sa fille pour savoir à quoi s’en tenir sur les projets de son gendre : la réponse de Laure, en redoublant son anxiété, avait achevé de l’exaspérer. Il résolut donc de s’adresser à son gendre en personne. Plus d’une fois déjà il avait été tenté de lui poser nettement la question ; mais, pour deux rai-