Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ser à tout prix ? Pour ne pas te contrarier, je feignais de le trouver charmant. Bien entendu, je n’allais pas jusqu’à suspecter sa moralité. Je me disais bien parfois : Le pélerin en veut à mes écus ; je m’obstinais pourtant à le tenir pour un galant homme. Je me disais : Il n’est ni beau ni jeune ; j’enrageais tout bas de te sentir affolée de ce petit chafouin ; mais, après tout, c’étaient tes affaires, non les miennes. Hier, ce matin encore, je le défendais contre toi-même. Sa passion l’égare, me disais-je ; ce n’est qu’un dépit amoureux. Toutefois, comme il s’agissait de ton bonheur, j’ai pensé que la chose méritait réflexion. Je ne réfléchis pas souvent ; mais, quand je m’y mets, c’est pour tout de bon. Je me suis enfermé dans ma chambre ; après deux heures de recueillement et de méditation silencieuse, je reconnaissais que ton vicomte n’est qu’un saltimbanque et un chenapan.