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Laure se planta fièrement devant la porte du salon, et lui barra vaillamment le passage. Elle tenait à son marquis autant que M. Levrault à son vicomte. On doit se rappeler qu’elle n’avait jamais éprouvé de bien vives sympathies pour Gaspard ; elle avait lutté long-temps contre l’entraînement de son père, et n’avait cédé que de guerre lasse, dans la conviction que Montflanquin était le seul parti que la Bretagne eût à lui offrir. On n’eût pas éveillé sa défiance, que l’entrée en scène d’un marquis aurait suffi pour changer brusquement ses dispositions et retourner son cœur comme un gant. Or, ce marquis était des plus charmants, et, s’il n’importait guère à mademoiselle Levrault d’avoir un mari jeune et beau, il lui importait encore moins d’épouser un homme mûr et laid. Avec cet instinct délicat que les femmes ont au plus haut degré, elle avait saisi