Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de son discours avec une magnificence de langage dont je n’essaierai pas de donner une idée ; un Rohan ne se fût pas exprimé avec plus d’éloquence sur les devoirs qu’impose un grand nom. M. Levrault s’admirait lui-même, et jouissait de l’attitude affaissée de Gaspard. Gaspard, comme écrasé sous le poids des dures vérités qu’on lui faisait entendre, marchait la tête basse et s’arrêtait de loin en loin pour porter sa main à son front. Par-ci, par-là, le madré compère hasardait bien quelques répliques. Pour irriter l’attaque, il disputait pied à pied le terrain, ne rompait qu’à regret, et reprenait parfois l’avantage qu’il avait perdu. Enfin, il vint un instant où, sûr désormais de son triomphe, M. Levrault s’avança dans la discussion comme un hippopotame à travers les roseaux qu’il broie sur son chemin. Le vicomte fut obligé de confesser humblement sa défaite.