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traces. Bien que mademoiselle Levrault ne fût pas une organisation très poétique, elle éprouva moins d’inquiétude que de joie en se trouvant seule au milieu des campagnes. Sans se préoccuper autrement des appréhensions du vicomte, elle rendit la bride et laissa son cheval aller à l’aventure. Il faisait une de ces journées sans soleil, un peu tristes, mais si charmantes, qui prêtent aux splendeurs de l’été les mélancolies de l’automne. La terre rafraîchie se reposait des ardeurs de juillet sous un ciel gris et doux, nuancé comme l’aile d’une palombe. Par quel enchantement Laure en arriva-t-elle à se mettre en communication avec la nature ? Comment cette jeune fille, qui n’avait vécu jusque-là que d’orgueil et de vanité, eut-elle enfin une révélation confuse des beautés de la création ? Laure avait oublié ses millions et les armoiries de Gaspard. Elle voyait les