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pas. Elle détacha ses longs cheveux noirs, arrangea la couronne de roses blanches sur son front, et, l’embrassant avec tendresse : — Heureuse et guérie ! lui dit-elle. — Et Gina lui sourit en la pressant sur son cœur.

La foule attendait : le rideau se releva aux accords lugubres d’un chant de mort. Roméo paraît, chante le beau récitatif du dernier acte, ôte le couvercle du sépulcre, y trouve son amante à la place de l’ennemi qu’il a tué, se tord les bras avec une pathétique énergie d’effroi et de désespoir, boit le poison qui doit le réunir à Juliette, revient à elle pour lui adresser un dernier adieu, la soulève dans ses bras…

Ici le public interdit se leva. Rosetta avait poussé un cri de terreur, et le corps qu’elle avait soulevé retomba lourd et roide dans le cercueil où Juliette devait se réveiller… Juliette ne se réveilla pas.

Tant d’émotions longtemps perdues, longtemps désirées, retrouvées et senties avec tant de puissance avaient brisé ce corps épuisé de maladie : Gina était morte aux accords suaves et religieux de Zingarelli, au milieu du dernier et du plus beau de ses triomphes.

Deux hommes comprirent les premiers la