Page:Sandeau - Houssaye - Les Revenants.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cette scène de délire, et vint arracher sa femme aux rapides instants de joie qu’elle venait de retrouver.

» Ce n’était donc pas un songe, une vision de mes nuits agitées : Gina savait mon nom, mon amour, peut-être aussi se rappelait-elle confusément m’avoir parlé dans une de ses nuits de fièvre et d’égarement. Une rapide espérance me rendit la raison : je fis des projets comme eût pu les faire un homme dans son bon sens, je prêtai intérêt aux choses extérieures, je compris ce qui se passait autour de moi. Gina se mourait : je passai mes jours et mes nuits à songer aux moyens de lui rendre la vie. J’entendis parler d’un célèbre médecin qui venait d’arriver de Londres et qui était descendu dans cette hôtellerie : je vins le trouver. — Si vous la sauvez, lui dis-je, je suis à vous. Ce n’est pas seulement ma fortune que je vous donnerai, c’est mon sang, c’est mon cœur, c’est ma vie qui vous appartiendront. — Le médecin m’interrogea. On l’avait déjà fait appeler auprès de la duchesse de R** : il l’avait trouvée au dernier période d’une maladie de langueur dont il ignorait la cause. Ce n’est pas le duc de R** qui la lui aurait apprise : je m’en chargeai pour lui. — Ne voyez-vous pas, lui dis-je, que