se tait ! lui dont j’étais la vie ! ajouta-t-elle d’une voix mystérieuse… Pourquoi donc ?… Je brûlais : je m’élançai vers elle, je voulus l’attirer sur mon sein ; mais à peine eus-je touché son vêtement qu’elle frissonna de la tête aux pieds et ses traits peignirent une souffrance physique qui me glaça d’effroi. — Reste ! oh ! reste, m’écriai je, Gina ! j’ai tant souffert ! Oh ! viens ! plus près encore, ma Gina, mon amour ! Souffrances, tourments, peines amères, un chant de ta voix a tout emporté !… Elle me regarda d’un air étonné ; une de ses mains s’appuya sur son cœur, l’autre sur son front, et elle eut l’air de chercher à se ressouvenir. — Oh ! je te connais bien ! dit-elle… Mon regard était étincelant, ma voix forte et brève ; la terre fuyait sous mes pieds. Je voulus saisir Gina dans mes bras ; mais elle poussa un cri perçant, et, s’arrachant à mes étreintes, elle glissa comme une ombre à travers le feuillage. Je courus vainement sur ses pas ; mais la lune n’éclairait plus, la nuit était noire. Furieux, égaré, après avoir escaladé le mur du jardin et parcouru longtemps les rues désertes de Vérone sans savoir où j’allais, sans chercher à le savoir, je rentrai chez moi, j’eus la fièvre. J’ignore ce que je devins, et les jours
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