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peu de valeur m’aurait fait hésiter à les mettre sous vos yeux, s’ils n’étaient pour moi une occasion de vous exprimer le sentiment d’admiration sincère et profonde qui les a inspirés.

Agréez, madame, l’assurance de mon respect.

Alf. de Musset.


COMPLÉMENT DE LA LETTRE N°1


Sand, quand tu l’écrivais, où donc l’avais-tu vue
Cette scène terrible où Noun à demi nue
Sur le lit d’Indiana s’enivre avec Raymond ?
Qui donc te la dictait, cette page brûlante
Où l’amour cherche en vain d’une main palpitante
Le fantôme adoré de son illusion ?

En as-tu dans le cœur la triste expérience ?
Ce qu’éprouve Raymond, te le rappellais-tu ?
Et tous ces sentiments d’une vague souffrance,
Ces plaisirs sans bonheur, si pleins d’un vide immense,
As-tu rêvé cela, George, ou l’as-tu connu ?

N’est-ce pas le Réel dans toute sa tristesse
Que cette pauvre Noun, les yeux baignés de pleurs,
Versant à son ami le vin de sa maîtresse,
Croyant que le bonheur c’est une nuit d’ivresse
Et que la volupté, c’est le parfum des fleurs ?