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Quoi ! vous venez au Mont-Dore et vous ne prenez pas les eaux ? — Je prends la douche. — Mais, madame, cela ne suffit pas. — Comment savez-vous si cela ne suffit pas ? Je viens ici pour me remettre mes pieds des suites d’une chute, je ne vois pas qu’il faille boire pour m’empêcher de boiter. — Cela ne fait rien, les eaux sont bonnes pour tous les maux. — C’est la panacée universelle, dis-je en riant. — Oui, madame, les maux les plus opposés y trouvent une guérison certaine. — Qui dit cela ? — M. Bertrand. — Ah ! le directeur de l’établissement. Belle merveille ! — Madame, dit un Champenois, n’ayez pas l’imprudence de railler M. Bertrand. Il fait le beau temps et la pluie. — Je me garderai bien de le railler, mais s’il m’ordonne les eaux, j’aurai le chagrin de lui désobéir. — Si vous ne voulez pas suivre ses avis, dit un Bordelais (M. Lacour), il vous empêchera de prendre la douche. — Et de quel droit ? Il est le directeur de l’établissement. — Je le sais, c’est écrit sur la porte. Mais il est écrit aussi que tout individu propriétaire d’une pièce de vingt sous a droit à une douche…