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charmant, un bénitier ! Me voilà bien, si j’écrivais à quelqu’un ? oui, à ma mère, par exemple ! à ma mère, ah Dieu !!! Ô ma mère, que vous ai-je fait ? pourquoi ne m’aimez-vous pas ? Je suis bonne pourtant. Je suis bonne, vous le savez bien. J’ai cent défauts, mais je suis bonne dans le fond. J’ai mes violences et elles sont terribles. Mais vous en aperçûtes-vous jamais ? Oh ! que j’étais facile à mener ! Un mot de vous détruisait toutes mes résolutions. Je vous avouais tout ce qu’en tenant caché j’aurais pu faire servir à adoucir mon sort. Mais, chose étrange, vous saviez également me faire peur et m’attendrir.

Quand vous étiez en colère, je tremblais, j’étais pâle et me sentais mourir. Quand vous m’entouriez de vos séductions, j’arrosais vos mains de pleurs… Oh ! que je vous aurais aimée, ma mère, si vous l’aviez voulu ! Mais vous m’avez trahie, vous m’avez menti, ma mère, est-ce possible ? vous m’avez menti ! Oh ! que vous êtes coupable ! Vous avez brisé mon cœur. Vous m’avez fait une blessure qui saignera toute la vie. Vous avez