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armes et bagages. Si botaniste qu’il fût, il était homme et amoureux. Quelques mots de lui, pendant qu’on servait le déjeuner, me mirent au courant de ce qui s’était passé la veille au soir après ma sortie, et de ce qui avait été décidé le matin même après la nouvelle du départ de Moserwald. On devait attendre à Saint-Pierre le retour de Valvèdre, afin de lui soumettre le vœu commun, à savoir le prochain mariage de Paule et l’expulsion à l’amiable de mademoiselle Juste. Cette dernière mesure, venant de l’initiative apparente du chef de la famille, ne pouvait manquer d’être à la fois absolue et douce dans la forme.

Le séjour d’Alida à Saint-Pierre pouvait donc durer huit jours, quinze jours, peut-être davantage. M. de Valvèdre avait mis dans ses prévisions qu’il redescendrait peut-être la montagne par le versant qui nous était opposé, et que, là, renouvelant ses provisions et ses guides, il recommencerait l’ascension d’un autre côté, si ses premiers efforts n’avaient pas abouti. Quels souhaits je fis dès lors pour l’insuccès de l’exploration scientifique ! Alida semblait calmée et presque gaie de ce campement dans la montagne. Elle me parlait avec douceur et abandon, elle me souffrait auprès d’elle. J’étais assis à la même table. Elle projetait une promenade, et ne me défendait pas de l’accompagner. J’étais tout espoir et tout bonheur, en même temps que la douleur de l’avoir offensée un instant restait en moi comme un remords.

Il y a un langage mystérieux entre les âmes qui se