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mille et, dès ce jour, je vous suis dévoué jusqu’à la mort.

La chaleur de mon zèle ne parut pas effrayer madame de Valvèdre : elle avait pleuré, elle était brisée ; elle sembla se laisser aller instinctivement au besoin de se fier à un ami. Je ne comprenais pas, moi, qu’une femme si ravissante, si fière et si douce en même temps, fût isolée dans la vie à ce point d’avoir besoin de la protection d’un enfant qu’elle voyait pour la première fois. J’en étais surpris, indigné contre son mari et sa famille, mais follement heureux pour mon compte.

En la quittant, je me rendis chez Moserwald.

— Eh bien, lui dis-je, où en sommes-nous ? Nous battrons-nous ?

— Ah ! vous arrivez en fier-à-bras, répondit-il, parce que vous croyez peut-être que je reculerais ? Vous vous trompez, mon cher, je sais me battre et je me bats quand il le faut. J’ai eu trop d’aventures de femmes pour ne pas savoir qu’il faut être brave à l’occasion ; mais il n’y a pas ici de motif suffisant, et je ne suis pas en colère. J’ai du chagrin, voilà tout. Consolez-moi, ce sera beaucoup plus humain et plus sage.

— Vous voulez que je vous console ?

— Oui, vous le pouvez ; dites-moi que vous n’êtes pas son amant, et je garderai l’espérance.

— Son amant ! quand je l’ai vue hier pour la première fois ! Mais pour quelle femme la prenez-vous