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vous avez été informé de ce que vous m’avez donné à deviner ?

Je lui racontai tout avec la plus entière sincérité.

— C’est bien, dit-elle, vous avez eu bonne intention, et vous m’avez réellement rendu service en m’empêchant de donner un instant de plus dans un piège que je ne veux pas qualifier. Vous auriez pu être moins acerbe dans la forme ; mais vous ne me connaissez pas, et, si vous me prenez pour une femme perdue, ce n’est pas plus votre faute que la mienne.

— Moi ! m’écriai-je, je vous prends… Moi qui… !

Je me mis à balbutier d’une manière extravagante.

— Laissez, laissez, reprit-elle. Ne vous défendez pas de vos préventions, je les connais. Elles ont percé trop brutalement, lorsqu’à propos de ma théorie tout impersonnelle sur les diamants, vous avez dit que c’était un goût de courtisane !

— Mais, au nom du ciel, laissez-moi jurer que je n’ai pas dit cela !

— Vous l’avez pensé, et vous avez dit l’équivalent. Écoutez, je viens de recevoir ici, de la part de ce juif et par contre-coup de la vôtre, une mortelle insulte. Ne croyez pas que le dédain qui me préserve de la colère me garantisse d’une réelle et profonde douleur…

Je vis, aux rayons de la lune, un ruisseau de larmes briller comme un flot de perles sur les joues pâles de cette charmante femme, et, sans savoir ce que faisais, encore moins ce que je disais, je tombai à ses pieds