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— Eh bien, répondit-elle tranquillement, c’est ma bague. Elle est beaucoup trop large pour mon doigt.

— Votre bague !… répétai-je hors de moi en regardant d’un œil hagard le gros saphir entouré de brillants que j’avais vu l’avant-veille au doigt de Moserwald.

Et j’ajoutai, en proie à un véritable désespoir :

— Mais cette chose-là n’est point à vous, madame !

— Pardonnez-moi : à qui voulez-vous donc qu’elle soit ?

— Ah ! vous l’avez achetée aujourd’hui ?

— Eh bien, qu’est-ce que cela vous fait, par exemple ? Rendez-la-moi donc !

— Puisque vous l’avez achetée, lui dis-je d’un ton amer en la lui rendant, gardez-la, elle est bien à vous ; mais, à votre place, je ne la porterais pas. Elle est d’un goût affreux !

— Vous trouvez ? C’est bien possible. J’ai acheté cela hier vingt-cinq francs à un vilain petit juif qui monte en vermeil, à Varallo, les améthystes et les autres cailloux du pays ; mais la grosse pierre est jolie. Je la ferai arranger autrement, et tout le monde croira que c’est un saphir oriental.

J’allais dire à madame de Valvèdre que le petit juif avait volé cette bague à M. Moserwald, lorsque, la modicité du prix de vente supposant chez un juif bijoutier une ignorance par trop invraisemblable de la valeur de l’objet, je me sentis replongé dans une énigme insoluble. Alida venait de parler avec une sin-