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vais craindre ou espérer d’elle. Rien n’était plus étranger à mon caractère que cette perfidie, et, chose étonnante, elle ne me coûta nullement. Je ne m’y étais jamais essayé, j’y fus passé maître du premier coup. Au bout de deux heures de promenade matinale avec mon ami, je tenais tout ce qu’il m’avait marchandé jusque-là, je savais tout ce qu’il savait lui-même.


II


Sans fortune et sans aïeux, Alida avait été choisie par Valvèdre. L’avait-il aimée ? l’aimait-il encore ? Personne ne le savait ; mais personne n’était fondé à croire que l’amour n’eût pas dirigé son choix, puisque Alida n’avait d’autre richesse que sa beauté. Pendant les premières années, ce couple avait été inséparable. Il est vrai que peu à peu, depuis cinq ou six ans, Valvèdre avait repris sa vie d’exploration et de voyages, mais sans paraître délaisser sa compagne et sans cesser de l’entourer de soins, de luxe, d’égards et de condescendances. Il était faux, selon Obernay, qu’il la retînt prisonnière dans sa villa, ni que mademoiselle Juste de Valvèdre, l’aînée de ses belles-sœurs, fût une duègne chargée de l’opprimer. Mademoiselle Juste était, au contraire, une personne du plus grand mé-