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je l’eusse revue ailleurs que chez elle, j’eusse hésité à la reconnaître. Perchée sur son mulet et drapée dans son burnous, je l’avais imaginée grande et forte ; elle était, en réalité, petite et délicate. Animée par la chaleur, sous le reflet de son ombrelle, elle m’avait paru rouge et comme marbrée de tons violacés. Elle était pâle et de la carnation la plus fine et la plus lisse. Ses traits étaient charmants, et toute sa personne avait, comme sa mise, une exquise distinction.

J’eus à peine le temps de la regarder et de la saluer. L’heure approchait, et l’on se précipitait sur le balcon. Elle s’y plaça la dernière, sur un siége que je lui présentai, et, m’adressant la parole avec douceur :

— Il me semble, dit-elle, que les premiers gîtes de ceux qui entreprennent de semblables courses n’ont rien d’inquiétant.

— En effet, répondit Obernay, ce gîte est un trou dans le rocher, avec quelques pierres alentour. On n’y est pas trop bien, mais on y est en sûreté. Attention cependant ! Voici les cinq minutes écoulées…

— Où faut-il regarder ? demanda vivement mademoiselle de Valvèdre.

— Où je vous ai dit. Et pourtant… non ! voici la fusée blanche. C’est de beaucoup plus haut qu’elle part. Il aura dédaigné l’étape marquée par les guides. Il est sur les grands plateaux, si je ne me trompe.

— Mais les grands plateaux ne sont-ils pas des plaines de neige ?

— Permettez… Seconde fusée blanche !… La neige