Page:Sand - Valvèdre.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

est charmante avec moi, et je suis rassuré. Viens.

Madame de Valvèdre s’était emparée du logement de son mari, qui était assez vaste, eu égard aux proportions du chalet. Il se composait de trois chambres dans l’une desquelles Paule préparait le thé en nous attendant. Elle était si peu coquette, qu’elle avait gardé sa robe de voyage toute fripée et ses cheveux dénoués et en désordre sous son chapeau de paille. C’était peut-être un sacrifice qu’elle avait fait à Obernay de rester ainsi, pour ne pas perdre un seul des instants qu’ils pouvaient passer ensemble. Pourtant je trouvai qu’elle acceptait trop bien cet abandon de sa personne, et je pensai tout de suite qu’elle n’était pas assez femme pour devenir autre chose que la femme d’un savant. J’en félicitai Obernay dans mon cœur ; mais tout sentiment d’envie ou de regret personnel fit place à une franche sympathie pour la bonté et la raison dont sa future était douée.

Madame de Valvèdre n’était pas là. Elle resta dans sa chambre jusqu’au moment où Paule frappa à la porte en lui criant que c’était bientôt l’heure du signal. Elle sortit alors de ce sanctuaire, et je vis qu’elle avait endossé un délicieux négligé. Ce n’était peut-être pas bien conforme aux agitations d’esprit qu’elle affichait ; mais, si par hasard elle avait fait cette toilette à mon intention, pouvais-je ne pas lui en savoir gré ?

Elle m’apparut tellement différente de ce qu’elle m’avait semblé sur le sentier de la montagne, que, si