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dans sa propre confiance !… Dieu est le grand asile, rien ne peut être danger, après la vie, pour l’âme qui se fie et s’abandonne ; rien ne peut être châtiment et dégradation pour celle qui comprend le bien et se désabuse du mal !… Oui, je suis tranquille !… Valvèdre, tu m’as guérie !

Elle ne parla plus, elle s’assoupit. Une molle sueur, de plus en plus froide, mouilla ses mains et son visage. Elle vécut ainsi, sans voix et presque sans souffle, jusqu’au lendemain. Un pâle et triste sourire effleurait ses lèvres quand nous lui parlions. Tendre et brisée, elle essayait de nous faire comprendre qu’elle était heureuse de nous voir. Elle appela Moserwald du regard, et du regard lui désigna sa main pour qu’il la pressât dans la sienne.

Le soleil se levait magnifique sur la mer. Valvèdre ouvrit les rideaux et le montra à sa femme. Elle sourit encore, comme pour lui dire que cela était beau.

— Vous vous trouvez bien, n’est-ce pas ? lui dit-il.

Elle fit signe que oui.

— Tranquille, guérie ?

Oui encore, avec la tête.

— Heureuse, soulagée ? Vous respirez bien ?

Elle souleva sa poitrine sans effort, comme allégée délicieusement du poids de l’agonie.

C’était le dernier soupir. Valvèdre, qui l’avait senti approcher, et qui, par son air de conviction et de joie, en avait écarté la terrible prévision, déposa un long baiser sur le front, puis sur la main droite de la