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n’osais pas embrasser, m’est apparu beau et bon et à jamais regrettable dans mes heures d’agonie ! Il le sait, lui, Francis, que je ne faisais plus de différence entre eux, et que j’aurais été une bonne mère, si… Mais je ne les reverrai pas !… Il faut rester ici sous cette terre étrangère, sous ce cruel soleil qui devait me guérir, et qui rit toujours pendant qu’on meurt !…

— Ma chère fille, reprit Valvèdre, vous m’avez promis de ne penser à la mort que comme à une chose dont l’accomplissement est aussi éventuel pour vous que pour nous tous. L’heure de ce passage est toujours inconnue, et celui qui croit la sentir arriver peut en être plus éloigné que celui qui n’y songe point. La mort est partout et toujours, comme la vie. Elles se donnent la main et travaillent ensemble pour les desseins de Dieu. Vous aviez l’air de me croire tout à l’heure, quand je vous disais que tout est bien, par la raison que tout renaît et recommence. Ne me croyez-vous plus ? La vie est une aspiration à monter, et cet éternel effort vers l’état le meilleur, le plus épuré et le plus divin, conduit toujours à un jour de sommeil qu’on appelle mort, et qui est une régénération en Dieu.

— Oui, j’ai compris, répondit Alida… Oui, j’ai aperçu Dieu et l’éternité à travers tes paroles mystérieuses !… Ah ! Francis, si vous l’aviez entendu tout à l’heure, et si je l’avais écouté plus tôt, moi !… Quel calme il a fait descendre, quelle confiance il sait donner ! Confiance, oui, voilà ce qu’il disait, avoir foi