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l’autre, si vous ne brûlez pas vos vaisseaux par un coup de tête ?

— Point d’épigrammes, je te prie. L’avis de M. de Valvèdre est fort raisonnable à coup sûr ; mais il m’est impossible de le suivre. Il a lui-même créé l’empêchement en me gratifiant de ses dédains, de ses railleries et de ses menaces.

— Où cela ? quand cela donc ?

— Sous la tonnelle de ton jardin, il y a une heure.

— Ah ! tu étais là ? tu écoutais ?

— M. de Valvèdre n’avait aucun doute à cet égard.

— Au fait… oui, je me rappelle ! Il tenait à parler là. J’aurais dû deviner pourquoi. Eh bien, après ? Il a parlé de son rival, non pas comme d’un homme raisonnable, ce qui eût été bien impossible, mais comme d’un honnête homme, et, ma foi…

— C’est plus que je ne mérite selon toi ?

— Selon moi ? Peut-être ! nous verrons ! Si tu te conduis en écervelé, je dirai que tu es encore trop enfant pour avoir bien compris ce que c’est que l’honneur. Que comptes-tu faire ? Voyons ! Te venger de ta propre folie en bravant Valvèdre, lui donner raison par conséquent ?

— Je veux le braver, m’écriai-je. J’ai juré le mariage à sa femme et à ma propre conscience ; donc, je tiendrai parole ; mais, jusque-là, je serai son unique protecteur, parce que M. de Valvèdre a prédit que je serais dupe et que je veux le faire mentir, parce qu’il a promis de me tuer si je ne faisais pas sa volonté, et