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m’a arrêté en me disant qu’elle aimait mieux écrire. Elle a écrit rapidement quelques lignes et me les a remises. Je les ai portées à Valvèdre, qui sur-le-champ est accouru pour lui parler. Elle était déjà partie seule et à pied, laissant probablement ses instructions à la Bianca, qui a été impénétrable ; mais Valvèdre n’entend pas que sa femme parte ainsi sans qu’il ait eu une explication avec elle. Il la cherche. J’allais l’accompagner quand j’ai reçu ton billet. J’ai compris, j’ai pensé, je pense encore que madame de Valvèdre est ici…

— Sur l’honneur, répondis-je à Obernay en l’interrompant, elle n’y est pas !

— Oh ! sois tranquille, je ne chercherai pas à la découvrir, maintenant que je te vois en possession du principal rôle dans cette triste affaire ! Vous y allez si vite, que je craindrais une rencontre fâcheuse entre M. de Valvèdre et toi. Quelque sage et patient que soit un homme de sa trempe, on peut être surpris par un accès de colère. Tu as donc bien fait de ne pas te montrer. J’ai caché ta lettre à Valvèdre, et il ne s’avisera guère de te découvrir ici.

— Ah ! m’écriai-je en bondissant de rage, tu crois que je me cache ?

— Si tu n’avais pas cette prudence et cette dignité, reprit Henri avec autorité, tu serais conduit par un mauvais sentiment à commettre une mauvaise action !

— Oui, je le sais ! Je ne veux pas inaugurer ma prise de possession par un éclat. C’est pour te parler