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perdu à ses yeux le droit de les élever… et même de les promener ? Le divorce ne changera donc rien à ta situation, car aucune loi humaine ne t’ôtera le droit de les voir.

— C’est vrai, dit Alida en se levant, pâle, les cheveux épars, les yeux brillants et secs. Eh bien, alors que faisons-nous ?

— Tu écris à ton mari que tu demandes le divorce, et nous partons ; nous attendons le temps légal après la dissolution du mariage, et tu consens à être ma femme.

— Ta femme ? Mais non, c’est un crime ! Je suis mariée et je suis catholique !

— Tu as cessé de l’être le jour où tu as fait un mariage protestant. D’ailleurs, tu ne crois pas en Dieu, ma belle, et ce point-là doit lever bien des scrupules d’orthodoxie.

— Ah ! vous me raillez ! s’écria-t-elle, vous ne parlez pas sérieusement !

— Je raille ta dévotion, c’est vrai ; mais, pour le reste, je parle si sérieusement, qu’à l’instant même je t’engage ma parole d’honnête homme…

— Non ! ne jure pas ! C’est par orgueil, ce que tu veux faire, ce n’est pas par amour ! Tu hais mon mari au point de vouloir m’épouser, voilà tout.

— Injuste cœur ! Est-ce donc la première fois que je t’offre ma vie ?

— Si j’acceptais, dit-elle en me regardant d’un air de doute, ce serait à une condition.