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plaider jusqu’à un certain point la cause de madame de Valvèdre.

— Elle ne me paraît, disait-il, que très à plaindre. Elle ne vous a jamais compris et ne se comprend pas davantage elle-même. C’est bien assez pour que vous ne puissiez plus vous donner du bonheur l’un à l’autre ; mais, puisqu’au milieu des égarements de son cerveau elle est restée chaste, je trouverais trop sévère de restreindre ou de contraindre ses relations avec ses enfants. Mon père, j’en suis certain, aurait une extrême répugnance à jouer ce rôle vis-à-vis d’elle, et je ne répondrais même pas qu’il y consentît, quel que soit son dévouement pour vous.

— Il me suffira de m’expliquer, répondit Valvèdre, pour que tu comprennes mes craintes. La personne dont nous parlons est en ce moment violemment éprise d’un jeune homme qui n’a pas plus de caractère et de raison qu’elle. En proie à mille agitations et à mille projets qui se contredisent, il lui écrivait… dernièrement…, dans une lettre que j’ai trouvée sous mes pieds et qui n’était même pas cachetée, tant on se raille de ma confiance : « Si tu le veux, nous enlèverons tes fils, je travaillerai pour eux, je me ferai leur précepteur…, tout ce que tu voudras, pourvu que tu sois à moi et que rien ne nous sépare, etc. » Je sais que ce sont là des paroles, des mots, des mots ! Je suis bien tranquille sur le désir sincère que cet amant enthousiaste, enfant lui-même, peut avoir de se charger des enfants d’un autre ; mais leur mère