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alors dans notre intérieur des choses véritablement douloureuses et intolérables pour moi. Notre second fils était chétif et sans beauté. Elle m’en fit un reproche ; elle prétendit que celui-ci était né de mon mépris et de mon aversion pour elle, qu’il lui ressemblait en laid, qu’il était sa caricature, et que c’est ainsi que je l’avais vue en la rendant mère pour la seconde fois.

» Les excentricités d’Alida ne sont pas de celles qu’on peut reprendre avec gaieté et traiter d’enfantillages. Toute contradiction de ce genre l’offense au dernier point. Je lui répondis que, si l’enfant avait souffert dans son sein, c’est parce qu’elle avait douté de moi et de tout : il était le fruit de son scepticisme ; mais il y avait encore du remède. La beauté d’un homme, c’est la santé, et il fallait fortifier le pauvre petit être par des soins assidus et intelligents. Il fallait suivre aussi d’un œil attentif le développement de son âme, et ne jamais la froisser par la pensée qu’il pût être moins aimé et moins agréable à voir que son frère.

» Hélas ! je prononçais l’arrêt de cet enfant en essayant de le sauver. Alida a l’esprit très-faible ; elle se crut coupable envers son fils avant de l’être, elle le devint par la peur de ne pouvoir échapper à la fatalité. Ainsi tous mes efforts aggravaient son mal, et, de toutes mes paroles, elle tirait un sens funeste. Elle s’acharnait à constater qu’elle n’aimait pas le pauvre Paul, que je le lui avais prédit, qu’elle ne