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ce juif était largement payé de ses peines par la confiance qu’elle lui témoignait en venant chez lui et par l’amitié qu’avec lui je prenais au sérieux.

J’avais accepté cette situation étrange, et je m’y habituais insensiblement en voyant le peu de compte que madame de Valvèdre en voulait tenir. Rien n’avançait dans nos projets, sans cesse discutés et toujours plus discutables. Alida commençait à croire que Moserwald ne s’était pas trompé, c’est-à-dire que Valvèdre, préoccupé extraordinairement, couvait quelque mystérieuse résolution ; mais quelle était cette résolution ? Ce pouvait aussi bien être une exploration des mers du Sud qu’une demande en séparation judiciaire. Il était toujours aussi doux et aussi poli envers sa femme ; pas la moindre allusion à notre rencontre aux approches de sa villa. Personne ne paraissait lui en avoir entendu parler ; pas la moindre apparence de soupçon. Alida n’était nullement surveillée ; au contraire, chaque jour la rendait plus libre. Les Obernay avaient repris leur train de vie paisible et laborieux. On ne se voyait plus guère qu’aux repas et dans la soirée. Loin de faire pressentir un doute ou un blâme, les hôtes de madame de Valvèdre lui témoignaient une sollicitude cordiale et la pressaient de prolonger son séjour dans leur maison. Il le fallait, disaient-ils, pour habituer les enfants à changer de milieu sous les yeux de leurs parents. Valvèdre venait tous les jours chez les Obernay et semblait être tout à l’installation et aux premières études de ses fils, ainsi