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fait part à madame de Valvèdre des réflexions de Moserwald à cet égard ; j’eusse cru trahir la religion de la famille et de l’amitié ; mais un reste de jalousie rendait Alida cruelle envers cette jeune fille, envers moi, envers Valvèdre et tous les autres.

— Vous ne me croyez pas assez simple, dit-elle, pour n’avoir pas vu, depuis huit jours, que la belle des belles trouve mon mari fort bien, qu’elle s’évanouit presque d’admiration à chaque parole de sa bouche éloquente, que mademoiselle Juste la traite déjà comme sa sœur, qu’on joue à la petite mère avec mes fils, enfin que, dès hier, toute la famille, surprise de votre brusque départ, a définitivement tourné les yeux vers le pôle, c’est-à-dire vers le nom et la fortune ! Ces Obernay sont très-positifs, des gens si raisonnables ! Quant à la jeune personne, elle était d’une gaieté folle en m’annonçant que vous étiez parti. J’aurais fait bien d’autres observations, si je n’eusse été brisée de fatigue et forcée de me retirer de bonne heure. Aujourd’hui, je me sens plus vivante, vous êtes là, et je m’imagine que je vais apprendre quelque chose qui me rendra la liberté et le repos de ma conscience. Moi qui avais des remords et qui prenais mon mari pour un sage de la Grèce !… Allons donc ! il est toujours jeune, et beau, et brûlant comme un volcan sous la glace !

— Alida ! m’écriai-je, frappé d’un trait de lumière, ce n’est pas de moi, c’est de votre mari que vous êtes jalouse !…