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vous devriez faire des affaires. Vous n’y entendez rien, mais cela s’apprend plus vite que le grec et le latin, et, avec de bons conseils, on peut arriver, pourvu qu’on n’ait pas de scrupules exagérés et des idées fausses sur le mécanisme social.

— Ne me parlez pas de cela, Moserwald ! répondis-je avec vivacité. Vous passez pour un honnête homme, ne me dites rien des opérations qui vous ont enrichi. Laissez-moi croire que la source est pure. Je risquerais, ou de ne pas comprendre, ou de me trouver dans un désaccord terrible avec vous. D’ailleurs, mon jugement là-dessus est fort inutile ; il y a un premier et insurmontable obstacle, c’est que je n’ai pas le plus mince capital à risquer.

— Mais, moi, je veux risquer pour vous… Je ne vous associerai qu’aux bénéfices !

— Laissons cela ; c’est impossible !

— Vous ne m’aimez pas !

— Je veux vous aimer en dehors des questions d’intérêt, je vous l’ai dit. Faut-il s’expliquer ?… Les causes et les circonstances de notre amitié sont exceptionnelles ; ce qu’un ami ordinaire pourrait peut-être accepter de vous très-naturellement, moi, je dois le refuser.

— Oui, je comprends, vous vous dites que, par le fait, c’est à moi qu’Alida devrait son bien-être !… Alors n’en parlons plus ; mais le diable m’emporte si je sais ce que vous allez devenir ! Il faudrait, pour vous donner un bon conseil, savoir les dispositions du mari.