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un trait de lumière sur le fond de sa pensée. Il me sembla qu’en m’invitant à retourner au bal, c’est-à-dire à être jeune, naïf et croyant, il essayait de savoir quelle impression Adélaïde avait faite sur moi et si j’étais capable d’aimer, car le nom de cette charmante fille arriva, je ne me rappelle plus comment, sur ses lèvres.

Je fis d’elle le plus grand éloge, autant pour paraître libre de cœur et d’esprit vis-à-vis de sa femme que pour voir s’il éprouvait quelque secrète douleur à propos de sa fille adoptive. Que n’aurais-je pas donné pour découvrir qu’il l’aimait à l’insu de lui-même, et que l’infidélité d’Alida ne troublerait pas la paix de son âme généreuse ! Mais, s’il aimait Adélaïde, c’était avec un désintéressement si vrai, ou avec une si héroïque abnégation, que je ne pus saisir aucun trouble dans ses yeux ni dans ses paroles.

— Je n’ajoute rien à vos éloges, dit-il, et, si vous la connaissiez comme moi qui l’ai vue naître, vous sauriez que rien ne peut exprimer la droiture et la bonté de cette âme-là. Heureux l’homme qui sera digne d’être son compagnon et son appui dans la vie ! C’est un si grand honneur et une si grande félicité à envisager, que celui-là devra y travailler sérieusement, et n’aura jamais le droit de se dire sceptique ou désenchanté.

— Monsieur de Valvèdre, m’écriai-je involontairement, vous semblez me dire que je pourrais aspirer…

— À conquérir sa confiance ? Non, je ne puis dire