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tion… Quand j’étais jeune, je ne haïssais pas ce bruit-là.

— C’est que vous avez eu l’esprit d’être jeune, monsieur de Valvèdre. À présent, on ne l’a plus. On est vieux à vingt ans.

— Je n’en crois rien, dit-il en allumant son cigare ; car il m’avait suivi dans la chambre qui m’était destinée, comme pour s’assurer que rien n’y manquait à mon bien-être. Je crois que c’est une prétention !

— De ma part ? répondis-je un peu blessé de la leçon.

— Peut-être aussi de votre part, et sans que vous soyez pour cela coupable ou ridicule. C’est une mode, et la jeunesse ne peut se soustraire à son empire. Elle s’y soumet de bonne foi, parce que la plus nouvelle mode lui paraît toujours la meilleure ; mais, si vous m’en croyez, vous examinerez un peu sérieusement les dangers de celle-ci, et vous ne vous y laisserez pas trop prendre.

Son accent avait tant de douceur et de bonté, que je cessai de croire à un piège tendu par sa suspicion à mon inexpérience, et, retombant sous le charme, j’éprouvai plus que jamais tout d’un coup le besoin de lui ouvrir mon cœur. Il y avait là quelque chose d’horrible dont je ne saurais même aujourd’hui me rendre compte. Je souhaitais son estime, et je courais au-devant de son affection sans pouvoir renoncer à lui infliger le plus amer des outrages !

Il me dit encore quelques paroles qui furent comme