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mon pied-à-terre dans la ville, tout près d’ici ; voulez-vous me permettre d’être votre hôte ?

Je remerciai et j’acceptai résolûment.

— S’il veut se réserver une explication chez lui, me disais-je, à la bonne heure ! j’aime mieux cela.

Il appela son domestique, qui enleva mon mince bagage, et lui-même me prit le bras pour me conduire à son domicile. C’était une maison du voisinage, où il me fit traverser plusieurs pièces encombrées de caisses et d’instruments étranges, quelques-uns d’une grande dimension et qui brillaient vaguement, dans l’obscurité, d’un éclat vitreux ou métallique.

— C’est mon attirail de docteur ès sciences, me dit-il en riant. Cela ressemble assez à un laboratoire d’alchimiste, n’est-ce pas ? Vous comprenez, ajouta-t-il d’un ton indéfinissable, que madame de Valvèdre n’aime pas cette habitation, et qu’elle préfère l’agréable hospitalité des Obernay ? Mais vous dormirez ici fort tranquille. Voici la porte de votre chambre, et voici la clef de la maison ; car le bal n’est pas fini là-bas, et, si vous vouliez y retourner…

— Pourquoi y retournerais-je ? répondis-je affectant l’indifférence. Je n’aime pas le bal, moi !

— N’y a-t-il donc personne dans ce bal qui vous intéresse ?

— Tous les Obernay m’intéressent ; mais le bal est la plus maussade manière de jouir de la société des gens qu’on aime.

— Eh ! pas toujours ! Il donne une certaine anima-