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une expression de fierté douloureuse. Ma tante a des préventions contre moi, et peut-être déjà s’est-elle laissé dire quelque chose sur mon compte ?

— Ta tante n’a rien entendu dire. Oublie ce qu’elle t’a dit, elle réparera son étourderie ; car elle est étourdie, ma chère femme, je ne peux pas le nier ; mais elle est bonne et elle t’estime.

— Elle ne m’aime pas, mon oncle, je l’ai bien senti la dernière fois que nous nous sommes vues, et elle a mis dans l’esprit d’Henri des préventions contre moi.

— Mais moi, je ne compte donc pas ? Je suis là, et je t’aime pour quatre. Dis-moi une seule chose : as-tu toujours de l’affection pour Henri ?

— Pour Henri comme il était autrefois, oui ; à présent, je ne sais pas, c’est une connaissance à refaire. Il a changé de figure, de langage et de manières. Il me faudrait le temps de le retrouver ; mais d’ici à quelques semaines il ne peut pas revenir chez moi, et je ne peux pas aller chez vous, vous en savez maintenant la cause.

— Bien, remettons à quelques semaines l’examen que tu dois faire de lui, et réponds à une dernière question. Tu connais bien la personne à laquelle tu donnes asile ?

— Oui, mon oncle.

— Tu l’aimes ?

— Beaucoup.