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n’en commettra jamais. Il sent très-bien que, s’il venait ici, il serait vite accusé de faire la cour à mon amie, et que je jouerais, moi, un vilain rôle.

— Quel vilain rôle, ma chère ? Voilà le seul point qui m’intéresse. Comment jugerais-tu ta situation, si Jacques avait des prétentions sur cette demoiselle ?

— Jacques ne peut pas avoir la moindre prétention, il ne la connaît pas.

— Mais je suppose…

— Qu’il m’ait trompée ? C’est impossible ! ce serait très-mal ! Cette demoiselle est riche et noble. C’est un parti au-dessus de Jacques ; si, pour se rendre possible, il eût cherché à la connaître, à se faire aimer, à profiter de son séjour chez moi pour la compromettre, je passerais pour la complice d’une intrigue assez lâche, ou pour une dupe parfaitement ridicule. N’est-ce pas votre avis, mon oncle ?

À mon tour, j’hésitai à répondre. Le grand Jacques me semblait assez léger et assez positif en même temps pour tromper sa sœur.

— Ma mignonne, lui dis-je en l’embrassant, personne ne t’accusera jamais de tremper dans une intrigue quelconque, et s’il y avait des gens assez malavisés pour cela, ton oncle et ton cousin leur frotteraient les oreilles.

— Mais ma tante Chantebel ! reprit Miette avec