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toute-puissante de la vérité qui n’a pas besoin de preuve pour s’imposer.

— Je te crois, ma fille, je te crois ! m’écriai-je ; ainsi mademoiselle de… — ne la nommons pas ! — est venue chez toi, il y a un mois, seule et de son plein gré, c’est-à-dire sans que personne te l’ait amenée en lui persuadant d’y venir, et sans que personne l’ait aidée à franchir les murs de sa prison ?

Avant de répondre. Miette hésita un instant, comme si je faisais naître en elle un soupçon qu’elle n’avait pas encore eu.

— La vérité que je puis jurer, reprit-elle, la voici : un soir du mois dernier j’étais seule ici. Jacques avait été à la foire d’Artonne. Il était absent depuis plus de huit jours quand j’entendis sonner à la grille. Je pensai que c’était lui, et, tout en me levant, je devinai qui ce devait être, car j’avais reçu une lettre qui m’annonçait un projet, un espoir d’évasion, et qui me demandait l’asile et le secret. Je me levai donc sans avertir mes domestiques qui dormaient. Je courus à la grille ; je reconnus la personne que j’attendais. Je la fis entrer ; sa chambre était préparée à tout événement. Je n’ai eu pour confidente que ma vieille Nicole, dont je suis sûre comme de moi-même.

— Et cette personne était seule ?

— Non, elle était accompagnée de la Char-