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seil et un appui. Je trouve un juge d’instruction qui veut être plus sûr que moi-même de la bonté de ma cause.

— C’est mon devoir, madame la comtesse ; je n’en suis pas à mes débuts dans la carrière, je n’ai plus besoin de me faire un nom en mettant mon talent au service de la première occasion qui se présente. Je n’aime pas à perdre un procès, et les éloges dont me comblerait l’univers entier pour l’avoir plaidée avec habileté ne me consoleraient pas d’avoir accepté la défense d’une mauvaise cause.

— C’est parce que vous êtes ainsi, répondit madame de Nives d’un ton caressant, c’est parce que vous avez une réputation de probité scrupuleuse, c’est enfin parce qu’une cause soutenue par vous est presque toujours une cause gagnée d’avance, que je voulais vous confier la mienne. Si vous la refusez, ce sera un gros précédent contre moi.

— Si je la refuse, madame, il est très-facile de laisser secrète votre démarche vis-à-vis de moi. Je puis donner à votre visite un prétexte étranger à cette affaire. Choisissez celui que vous voudrez, et je me conformerai à vos intentions.

— Ainsi vous refusez sans aller plus loin ?

— Je n’ai pas refusé, j’attends que vous me fournissiez des preuves dont ma conscience puisse s’accommoder.