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enfant qui n’avait peut-être pas d’autre mérite que la foi en lui-même.

Au bout d’une heure de profonde tristesse, il revint auprès de sa mère, qu’il retrouva causant ménage avec la Marichette tout en l’aidant à replacer dans les placards du salon les vieilles faïences et les jolis ustensiles de verre.

— Eh bien, dit-elle en prenant le bras de Pierre et l’emmenant au jardin, tu reviens seul ?

— Je ne sais où ils sont, répondit Pierre. Je croyais les retrouver ici.

Ils firent le tour de la tonnelle de vigne. Ils n’y étaient pas.

— Vous voyez bien, disait Pierre, que ce tête-à-tête prolongé est définitif.

— Non, c’est qu’ils sont encore à la ferme. Vas-y donc !

— Je ne veux pas avoir l’air de les surveiller, et, s’ils font une promenade sentimentale dans le bois de hêtres, je ne veux pas, en les cherchant, attirer sur Marianne l’attention des gens de la ferme.

Ils rentrèrent au salon, d’où Marichette s’était retirée, et ils attendirent encore un quart d’heure. Madame André était pleine de dépit et d’anxiété, Pierre était muet et comme brisé.

Enfin Marianne entra seule, un peu agitée, quoique souriante.