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dissipa vite lorsqu’il vit Marianne accepter le bras que Philippe lui offrait pour rejoindre madame André. Il eût voulu qu’elle trouvât un prétexte pour le refuser. Il est vrai qu’il n’y en avait pas de plausible, à moins de prendre un rôle de béguine.

Marianne semblait peu disposée à se poser en prude vis-à-vis de Gaucher. Elle avait fait une toilette assez voyante : une robe de mousseline de laine bouton d’or, qui donnait à sa peau brune un reflet très-favorable. Au cou et aux bras, ce ton vif était coupé et adouci par des ruches de tulle uni très-transparent. Rien dans ses cheveux noirs qu’une rose jaune nuancée de rose ; mais sa chevelure épaisse et courte était bouclée avec plus de soin qu’à l’ordinaire. Elle était bien chaussée, et son pied, qu’elle cachait presque dans de grosses bottines et même dans de vulgaires sabots de noyer, était une merveille de petitesse. Gaucher l’examinait avec une curiosité hardie qui ne semblait pas lui déplaire. Il regardait son pied, sa main, sa taille, d’un air de connaisseur satisfait qui veut que l’on constate sa satisfaction. Il ne se gêna pas pour lui dire qu’elle avait une robe délirante de ton, et que sa taille était un palmier balancé par la brise.

— Ma taille un palmier ? répondit gaiement Marianne. Alors c’est un palmier nain, un chamærops ? n’est-ce pas, mon parrain ?