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vait paralyser ses moyens de séduction. Philippe jura qu’il était homme à passer trois nuits sans dormir et sans qu’il y parût ; ce qui ne l’empêcha pas d’aller s’étendre incognito sur la mousse, dans le creux des roches, et d’y savourer les douceurs du repos jusque vers midi.

À midi sonnant, la patache et la jument du domaine de Validat se trouvèrent à la porte de Dolmor. Madame André avait mis sa robe de soie puce encore fraîche, bien qu’elle eût dix ans de service. Philippe endossa un habit noir de la meilleure coupe et mit une cravate éblouissante. André ne changea rien à son costume des dimanches. Madame André monta dans la patache, que l’époux de Marichette se disposait à mener au pas en marchant à côté de la jument. Philippe, assis à côté de madame André, prétendit conduire, mais il ne réussit jamais à prendre le trot, allure inusitée pour une jument poulinière du pays.

André avait pris les devants à pied. Il arriva le premier à Validat, mais il attendit pour se présenter que la patache l’eût rejoint. Le lourd véhicule, trouvant la barrière ouverte, fit son entrée majestueuse et lente, et s’arrêta entre la porte du logis et le tas de fumier. Philippe trouva son futur manoir un peu trop rustique et se promit de changer tout ça, pour peu qu’il y eût des bâtiments convenables. Malheureusement il