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— Prends une pioche et une pelle, et allons explorer le parc. Je prétends, si la mémoire ne me fait pas défaut, te donner le plaisir de déterrer toi-même un trésor.

Elle chercha quelques moments parmi les fougères qui tapissaient un endroit reculé du parc, et tout à coup s’écria :

— Ce doit être ici, voilà le vieux buis, c’est ici, travaille !

Jacques fouilla et trouva une cassette doublée de fer qui contenait les diamants de la défunte comtesse de Nives. Quelques jours avant de mourir, prévoyant l’ambition ou se méfiant des instincts rapaces de celle qui devait lui succéder, elle s’était confiée à un vieux jardinier et lui avait fait enterrer ses bijoux de famille en lui recommandant d’en instruire prudemment sa fille en temps utile. Le jardinier était mort peu après ; mais sa vieille femme avait montré l’endroit à Marie, qui ne l’avait pas oublié, et pour qui ces diamants, inaltérables souvenirs de sa mère, étaient doublement précieux.

Pourtant les nouveaux époux furent relativement gênés la première année de leur union, mais ils s’en aperçurent à peine. Ils étaient heureux ; ils adoraient Ninie, qui le leur rendait bien, et qui, jusque-là petite et malingre, prit bientôt l’embonpoint d’une alouette en plein blé et l’éclat d’une rose en plein soleil.