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Elle ne pouvait avoir et n’eut pas de défense systématique ; elle était, grâce à Dieu, fort ignorante. Je n’eus à combattre qu’une exaltation du sentiment. Je lui fis comprendre que le premier emploi de nos forces et de nos ressources était d’élever une famille et de donner à l’humanité des membres dignes du nom d’hommes. Je l’initiai au respect de cette loi sacrée, qu’on lui avait montrée comme le pis-aller du labeur et des mérites d’une âme. Elle m’écoutait avec surprise, avec ardeur, et, très-sensible aux bons effets d’une parole claire et bienveillante, elle prétendait qu’aucun prédicateur ne l’avait émue et ravie autant que moi.

De son côté, l’excellente Émilie lui donnait l’instruction nécessaire. Elle avait déjà entrepris à Vignolette de lui faire de bonnes lectures ; mais, préoccupée ou exaltée, l’élève avait fatigué la maîtresse en pure perte. Cette fois elle fut attentive et docile. L’intelligence ne lui manquait pas, et je dois dire que Miette, avec sa simplicité calme, était un professeur excellent. Miette aimait à faire bien tout ce qu’elle faisait. Du couvent, où elle était entrée paysanne, elle était sortie sachant tout mieux que ses compagnes, et elle avait continué de s’instruire lorsqu’elle était rentrée dans sa famille. Elle m’avait toujours consulté sur le choix de ses livres, et lorsqu’elle les avait lus, elle venait