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moiselle ; votre maman, voyant que vous vous trouvez bien ici, et que vous avez beaucoup d’amitié pour nous, consent à vous laisser quelques jours encore avec Suzette chez papa Bébel. Vous la remercierez, n’est-ce pas ? Vous l’embrasserez, et vous serez très-gentille ?

— Oui, oui ! s’écria l’enfant en gambadant de joie, je serai gentille, quel bonheur ! Nous irons après dîner à la fontaine avec Suzette et mon dada Henri.

— C’est moi qui serai le dada, répondit Jacques en riant, et Suzette fera les bateaux.

— M’avez-vous pardonné, dis-je à mademoiselle de Nives, et consentez-vous à rester chez moi jusqu’à votre mariage ?

Marie prit mes mains avec cette effusion charmante qui rachetait tout, et, malgré moi, elle y colla ses lèvres.

— Vous m’avez sauvée, dit-elle, vous êtes et vous serez mon père ! J’ai tant besoin qu’on me dirige et qu’on m’aime véritablement ! Vous me rendrez digne de ce cher Jacques, qui me gâte, et à qui je ne peux pas arracher le plus petit reproche.

— C’est moi alors qui vous gronderai, et il vous donnera raison. Il vous dira que vous êtes la perfection…

— Ma foi oui ! s’écria Jacques, je le dirai !

— Et que je suis un vieux radoteur !