Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’aujourd’hui, ici, devant vous, je l’ai prise en grande estime. Cette générosité enfantine a un côté sublime qui l’emporte sur les peccadilles d’une imagination surexcitée. Je venais de la gronder fort quand vous êtes entrée ; elle m’en a puni en se montrant admirable de repentir et de sincérité. Je suis tout à elle maintenant, ce qui ne m’empêchera pas de vous servir encore en veillant à ce que votre rente constitue un engagement sérieux et inviolable.

— Ah ! oui, voilà ce qu’il faut surtout ! s’écria involontairement la comtesse ; il faut que ce ne soit pas un leurre, cette pension !

— Il faut aussi, repris-je, que ce ne soit pas un chantage ! il faut que la pension cesse le jour où vous feriez valoir vos droits sur Léonie.

— C’est entendu, dit la comtesse avec humeur ; mais si mademoiselle Marie, qui ne sait pas ce que c’est que l’argent, vient à se ruiner ! Je veux une hypothèque sur la terre de Nives.

— On vous la donnera, mais ne craignez pas qu’elle se ruine ; du moment qu’elle épouse Jacques Ormonde, elle s’enrichira au contraire.

— Et ce fameux Jacques Ormonde qu’on dit être un beau vainqueur rendra sa femme, par conséquent ma fille, heureuses ?

— Ce beau vainqueur est un cœur d’élite et un naïf de la plus belle eau.

— Et, en attendant le mariage, que vais-je