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s’était levée, bouleversée de ma rudesse ; qu’est-ce que vous me dites là, monsieur Chantebel ? qu’est-ce que vous exigez de moi ?

— Rien que le libre exercice de votre volonté.

— Mais justement !… ma volonté, je ne la connais pas. J’attends que Dieu m’inspire.

— Est-ce Dieu qui vous a inspirée jusqu’ici ? Est-ce lui qui vous a commandé de vous faire enlever par Jacques Ormonde ?

— Mon oncle, s’écria Jacques, vous m’avez arraché mon secret, vous l’aviez surpris, j’ai cru qu’il vous serait sacré, et voilà que vous me mettez au supplice ! Permettez-moi de me retirer, j’étouffe ici, j’y souffre le martyre !

— Je ne vous accuse pas, Jacques, dit mademoiselle de Nives, je comptais dire à votre oncle tout ce qu’il savait déjà.

— D’autant plus, repris-je, que vous l’avez confié à mon fils avec permission de ne me rien cacher.

Jacques devint pâle en regardant Henri, qui sut rester impassible. Alors il regarda Marie, qui baissa les yeux avec confusion, puis les releva aussitôt et lui dit avec une simplicité naïve :

— C’est vrai, Jacques, j’ai tout dit à votre cousin, j’avais besoin de lui pour accomplir une entreprise où vous eussiez refusé de m’aider.

— Vous n’en savez rien, répondit Jacques. Certes mon cousin mérite toute votre confiance ;